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Covid 19 – Quelles mesures de soutien aux avocats en difficultés ?

Ce 12 mai 2020, Avocats.be a publié les résultats du questionnaire portant sur les répercussions de la crise Covid-19 auquel 2.676 confrères ont répondu.

Dans la foulée, notre Ordre a entamé l’analyse de la situation socio-économique des membres de notre barreau sous la coordination du professeur Gregory Lewkowicz.

Nous traversons une crise sans précédent qui touche tous les membres du barreau. Cet éclairage est important. L’Ordre doit intervenir. Aujourd’hui et demain.

Le constat

Le constat effectué par Avocats.be est très préoccupant. Tous les avocats ont subi une réduction de leurs activités, mais plus particulièrement les petites structures, offrant principalement leurs services aux particuliers ou pratiquant l’aide juridique.  Les plus jeunes ayant charge de famille se battent sur tous les fronts. Il faut déplorer que nos consœurs soient à nouveau plus touchées que leurs homologues masculins. La crise amène même certains avocats à envisager de quitter le barreau, particulièrement dans la tranche d’âge entre 30 et 40 ans.

Je veux toutefois retenir aussi l’esprit de combativité des avocats. Nous résistons et le barreau démontre une fois encore sa résilience. Les avocats mettent un point d’honneur à continuer à conseiller, assister et défendre leurs clients.  Gageons que ceux-ci s’en souviendront et que cette attitude de leur avocat renforcera leur loyauté à son égard.  La très grande majorité d’entre nous veut poursuivre son métier, est prêt à s’adapter et voit même des opportunités dans cette crise. C’est très encourageant.

Les actions de l’Ordre

Il faut saluer les actions prises par notre Ordre dans le cadre de la crise.

A côté des mesures sociales et fiscales décidées par le gouvernement (le report sans majoration des cotisations sociales, celui des délais de paiement de la TVA et l’octroi d’un droit passerelle notamment), l’Ordre a reporté l’échéance du paiement des cotisations au 31 mai 2020 et a assuré que tout avocat qui en ferait la demande se verrait octroyer un plan de paiement.

Au-delà du soutien financier, notre Ordre a mis à disposition des avocats, en étroite coordination avec Avocats.be, les informations nécessaires relatives à l’organisation des audiences et aux modifications temporaires des règles de procédure. A l’instar de la Conférence du jeune barreau, l’Ordre propose également différents webinaires permettant ainsi aux confrères de s’adapter au nouveau cadre dans lequel ils doivent évoluer et de pouvoir continuer leur formation.

La crise étant exceptionnelle, la solidarité du barreau doit plus que jamais jouer.  Des appels aux dons ciblés pourraient être lancés pour permettre aux plus forts d’aider ceux qui sont les plus touchés et envisager ainsi la création d’un fonds de solidarité spécial, à côté des fonds d’aides existants.

L’Ordre doit également poursuivre son travail de sensibilisation des autorités compétentes aux difficultés propres aux avocats. Notre profession a, à juste titre, été reconnue comme essentielle. Nous devons peser dans le débat social, nous faire respecter et écouter par les décideurs politiques.

A plus long terme, des solutions réalistes

Au-delà du drame professionnel et humain, je veux que cette crise, riche d’enseignements, soit également porteuse de nouveaux espoirs.

En deux mois, fort de son agilité et de sa polyvalence, le barreau a appris à « télétravailler » et à manier les outils informatiques de communication à distance. La plupart d’entre nous s’en rend compte : nous gagnons du temps et nous communiquons parfois plus vite et mieux. Le barreau est à la hauteur de la confiance que les justiciables placent en ce service public essentiel, à l’écoute, proactif et parfois même créatif. Nous devons poursuivre ces efforts d’innovation et d’adaptation. Saisir cette opportunité de renforcer encore la confiance qui est placée en nous.

Le modèle économique traditionnel de l’avocat est menacé. Nous devons être prêts à surmonter nos craintes et à embrasser de nouveaux horizons. Conseiller de confiance au long cours, l’avocat conserve un atout formidable pour autant qu’il soit disposé à se remettre en question, à abandonner des formes d’exercice de la profession qui ne présentent plus de valeur ajoutée, à favoriser les modes alternatifs de résolution de conflits, à mettre en œuvre des mécanismes de rémunération qui rencontrent davantage les attentes légitimes des clients (prévisibilité, forfait, plafonds, honoraires de résultat, …).

A cet égard, l’Ordre devra guider et accompagner les avocats en proposant, notamment, une offre de formation non juridique (gestion cabinet, RH, IT, outils d’intelligence augmentée, gestion des honoraires et modes alternatifs de rétribution des prestations) ou en proposant des offres de coaching pour assister les cabinets. La création d’une Académie du barreau prendrait là tout son sens.

L’Ordre devra contribuer également à alléger la charge administrative des avocats, considérablement alourdie par certaines réglementations belges et européennes (blanchiment, contrôle des comptes tiers, RGPD, … ), en mettant en place des campagnes de sensibilisation et en proposant des modèles et outils efficaces et simples d’utilisation permettant aux avocats de se conformer à leurs obligations.

Dans la même ligne, l’Ordre pourra proposer une mutualisation des coûts, en offrant aux confrères des solutions flexibles alternatives aux cabinets dits « classiques », comme la mise à disposition de salles de réunions ou d’un secrétariat, etc. La Maison de l’avocat sera au cœur de cet effort.

Je ne voudrais pas terminer sans évoquer nos plus jeunes confrères. Ces jeunes stagiaires et collaborateurs qui ne ménagent jamais leurs efforts. Je serai extrêmement vigilant à ce qu’ils ne soient pas les premières victimes de cette crise ou l’objet de quelconques formes d’abus, par qui que ce soit. Nous devons les protéger. Ils sont notre avenir.

Emmanuel Plasschaert | Candidat au dauphinat 2020