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L’avocat, ses valeurs, son rôle social

La protection de nos valeurs cardinales.

L’indépendance, le secret professionnel et le principe d’autorégulation constituent autant de principes essentiels qui garantissent dans un état de droit et dans une société démocratique le plein et entier exercice par l’avocat de sa mission de service public.

L’indépendance de l’avocat et son obligation de protéger de façon quasi absolue les confidences conditionnent, avec l’excellence du service rendu, la confiance que le public accorde à notre profession.

Nous devons, et je le serai en premier lieu, être attentifs à toutes les menaces susceptibles de porter atteinte à cette confiance et à faire entendre notre voix. Si cela ne suffit pas, agissons et prenons toutes les initiatives nécessaires à la sauvegarde de nos valeurs fondatrices.

Certains juges d’instruction ou membres du parquet réservent ainsi aux avocats pénalistes, parce qu’ils sont avocats, un traitement sans commune mesure avec celui réservé aux autres justiciables. Ces comportements mettent en danger l’indépendance de l’avocat.

Ainsi encore, les législations visant à combattre la criminalité organisée ou la grande fraude fiscale obligent les avocats à se faire dénonciateurs de leurs clients. Si ces législations ne sont d’aucune façon critiquables en leurs finalités, elles le sont en revanche quand elles mettent en péril grave le rôle essentiel de l’avocat dans une société démocratique. Bien sûr, l’intérêt général exige que nous ne soyons pas des acteurs ou complices d’infractions pénales mais là s’arrêtent aussi nos obligations. L’avocat doit rester le rempart ultime des libertés individuelles. Notre secret professionnel doit être respecté.

Le principe de l’autorégulation participe de la protection de nos valeurs cardinales.

S’il ne semble pas menacé en Belgique à l’heure actuelle, il ne fait pas de doute qu’aux yeux du législateur européen, il ne se justifie qu’à condition qu’il soit un gage de la qualité du service rendu par l’avocat au client. Tel est le cercle vertueux. En renforçant notre déontologie, nous garantissons l’excellence de notre mission et de ce fait, nous nous en assurons le contrôle.

Le rôle social de l’avocat.

L’avocat doit sortir des murs. Nous sommes généralement excellents dans l’analyse des risques et la recherche des moyens de les éviter, de les limiter ou, lorsqu’ils sont survenus, d’en contrôler les conséquences. Cette inclination professionnelle de l’avocat le dessert lorsqu’il doit assumer un rôle de gestionnaire ou de représentant de sa profession. Les avocats, et plus particulièrement les représentants de la profession, doivent dès lors développer et cultiver de nouvelles aptitudes, oser prendre des risques, être proactifs et chaque fois que c’est possible, ou que le rapport des forces ne leur est pas favorable, être constructifs. Les avocats doivent davantage investir l’espace public, peser dans le débat social et se faire respecter et écouter par les décideurs politiques.